Les rêves devenus réalités du Ballet d’Europe
- Journal : La Marseillaise
- Date de parution : 19 December 2005
C’est désormais un rendez-vous habituel : en fin d’année, le Ballet d’Europe dirigé par Jean-Charles Gil investit la Friche Belle de mai. Cette fois, sur le thème du rêve, les danseurs phocéens, dans un programme partagé avec la compagnie franco-québécoise de la Parenthèse, reprennent une chorégraphie de Jorma Uotinen, et le One More Time créé cet été et dédié au plasticien Alfred Hofkunst.
Trois ans déjà. C’était alors au Dock des Suds, pour des soirées inaugurales qui avaient connu un grand succès. Depuis, c’est désormais à la Friche Belle de Mai que le Ballet fondé par Jean-Charles Gil à partir du Ballets des jeunes d’Europe fait son gala annuel, ponctuant à Marseille des saisons qui, sans relâche, tournent allègrement, en France et au-delà. « Etre à la Friche, un lieu estampillé contemporain, nous tient particulièrement à cœur », insiste le chorégraphe. « Car même si nous avons l’étiquette néoclassique, ce ballet est contemporain dans l’âme, il est dans l’énergie de la société d’aujourd’hui, avec l’envie, toujours, de franchir les barrières et les clivages ».
Au programme de la session 2005, conçue sur le thème du Rêve (comme d’ailleurs les workshops, chorégraphies signés par les danseurs et présentée pour trois soirées et deux matinées, la reprise de Un Rêve, offert par le finlandais Jorma Uotinen pour le baptême du Dock des Suds, et qui avait soulevé un engouement mérité, puis l’opus conçu par Jean-Charles Gil, qui l’a créé cet été, en le dédiant à son ami plasticien Alfred Hofkunst, qui a signé la flamme-logo du Ballet. « Il y a eu beaucoup de changements, dans les costumes, notamment, pour parvenir à ce que nous voulions, pour atteindre toute la fluidité et toute la vélocité qui caractérisait Alfred Hofkunst », raconte-t-il, plongé dans les œuvres de l’artiste-ami disparu en 2004, « qui a toujours créé dans une grande liberté, avec même un côté cannibale ». Pour la musique de cet opus très dynamique et « athlétique ». Jean-Charles Gil a choisi l’inventif John Adams.
Pour les trois soirées, le Ballet d’Europe ouvrira le plateau de la Friche à une compagnie émergeante, La Parenthèse, créée en 2000 à Marseille par Christophe Garcia, ancien du Béjart Ballet Lausanne qui a intégré la compagnie Cas Public, dirigée à Montréal par Hélène Blackburn, en 2003, donnant une dimension trans-Atlantique à la structure. Egalement soutenue par le Ballet de Marseille, la Parenthèse présentera dans le cadre de ces soirées «Rêves» Les songes creux, dans lequel 6 danseurs, avec une dimension théâtrale très présente, évoqueront les univers de deux auteurs canadiens, Michel Tremblay et Paul Fournel, avec des extraits des nouvelles La grosse femme d’à côté est enceinte et Les rêveuses. «Le fait de travailler tous les deux sur le thème du rêve est une belle coïncidence», explique Arnaud Baldaquin, de la compagnie. «Jean-Charles Gil, qui nous suit depuis le début, nous a accordé une belle confiance. Et l’Usine Corot, où nous avons créé une bonne part de la pièce, nous a beaucoup inspiré».
L’ Usine Corot, justement, venant d’être vendue, Jean-Charles Gil s’apprête à y passer une dernière saison : «nous sommes dans l’attente, plutôt positive, d’une convention avec la ville d’Allauch. Si tout va bien, nous devrions investir une usine EDF réaménagée».Un déménagement qui n’impliquera pas l’abandon des nombreuses sensibilisations opérées sur Marseille et dans la Région par le Ballet d’Europe, tant en milieu scolaire qu’auprès du grand public, le futur lieu pourrait même être au cœur de la reprise des Universités d’Eté.
A noter enfin que les représentations de fin d’année à la Friche Belle de Mai seront également l’occasion d’apprécier le travail photographique d’Agnès Mellon et Jean Barak, ainsi que des démonstrations de plusieurs associations (Centre social de la Visite, Femmes de l’Estaque).